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Commentary

Barack Obama se montre “tantôt réaliste, tantôt idéaliste”

Justin Vaïsse
Justin Vaïsse Former Brookings Expert, Director, Policy Planning Staff - French Ministry of Europe and Foreign Affairs

January 19, 2009

Le départ de George Bush signe-t-il définitivement l’échec des néoconservateurs?

En fait, ils n’ont jamais été dominants à Washington ou même dans l’administration Bush. L’influence intellectuelle de Bill Kristol ou Robert Kagan est notable, mais l’influence politique de décideurs comme Paul Wolfowitz, Doug Feith ou Elliott Abrams s’explique largement par leur alliance avec un autre courant, celui des “faucons nationalistes” comme Dick Cheney, Donald Rumsfeld ou John Bolton. Ces deux groupes ont promu l’intervention en Irak, mais pour des raisons différentes, s’opposant surtout à une troisième école, celle des réalistes.

Comment décrire ces trois camps ?

Les néoconservateurs veulent une Amérique forte, active et interventionniste, qui façonne son environnement international. Si elle ne le fait pas, des forces hostiles le feront, ce qui mettra en danger la sécurité des Etats-Unis et la paix internationale. Ils défendent la démocratie tant pour des raisons morales que pour des raisons de stabilité : les démocraties sont plus pacifiques (entre elles), elles n’engendrent pas de terrorisme ou de prolifération et ne menacent pas les Etats-Unis. Que ce soit pour l’URSS, l’Irak ou l’Iran, ils préfèrent changer le régime plutôt que de le légitimer par le dialogue avec lui.

Les faucons nationalistes partagent la vision musclée des néoconservateurs, mais ne s’intéressent pas à la question de la démocratie, des régimes politiques. Ils veulent projeter une image de force à l’extérieur pour que l’Amérique soit respectée.

Les réalistes, au contraire, prennent la diplomatie au sérieux. Ils privilégient l’ordre et l’équilibre des puissances, se méfient des grandes utopies, et acceptent la légitimité des régimes autocratiques, avec lesquels il faut parfois négocier pour avancer les intérêts américains.

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