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Commentary

Point de vue prospectif sur l’Afrique : des politiques à petite échelle, mais à grand impact pour lutter contre les changements climatiques en 2017

Editor's note:

Vous trouverez ci-dessous un point de vue prospectif du chapitre 5 du rapport Foresight Africa 2017. Ce rapport explore six thèmes généraux qui offrent à l’Afrique des outils pour surmonter ses obstacles et stimuler une croissance inclusive. Pour lire le chapitre complet sur la lutte contre les changements climatiques, cliquez ici.

foresightafrica_brandingbadgeLa prolifération des actions climatiques à petite échelle et à grand impact peut engendrer une évolution dramatique de la réponse de l’Afrique face aux changements climatiques, à condition que les décideurs politiques mettent en place les bonnes mesures d’incitation. En 2017, le continent montrera qu’il est sur le bon chemin.

La croissance rapide des centres urbains comme Nairobi, Lagos ou Abidjan offre l’opportunité de développer la génération d’énergie solaire décentralisée, ce qui permettra d’accélérer l’accès à l’électricité propre comme c’est le cas pour Mexico et d’autres grandes villes d’Amérique latine. La génération d’électricité à partir de mini-réseaux augmente également dans les zones rurales, étant donné que la distribution d’électricité du réseau national aux communautés rurales n’est en général pas rentable pour les compagnies d’électricité. The Economist[1] a récemment indiqué que le nombre de foyers alimentés en électricité par le biais de panneaux solaires photovoltaïques hors réseau pourrait doubler en 2017.

Des évolutions similaires se produisent dans le secteur de l’agroforesterie. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, l’agriculture, la foresterie et autres utilisations des terres représentent 21 pourcent des émissions de gaz à effet de serre et leur exposition aux changements climatiques constitue un risque important au niveau de la sûreté alimentaire, surtout en Afrique. Des solutions sont ébauchées par le biais d’approches intégrées associant l’agriculture et la conservation des forêts, avec l’aide des petits exploitants agricoles. La volonté politique existe : la Côte d’Ivoire, par exemple, soutient «l’agriculture zéro déforestation » après que ses forêts aient été réduites de 12 millions à 2 millions d’hectares en cinquante ans.

Pour transformer ces actions en une révolution verte, l’Afrique doit optimiser l’écosystème d’établissements bancaires local en plein essor. Les réseaux de banques commerciales connaissent une expansion rapide (15 pourcent par an pour les banques de détail selon l’initiative Making Finance Work for Africa). Il en va de même pour les fonds d’investissement spécialisés soutenus par des commanditaires réputés, comme Althelia à Madagascar. Les organes de réglementation et les associations bancaires ont un rôle important à jouer dans ce processus. En premier lieu, ils peuvent définir des normes pour les investissements écologiques à petite échelle et les traiter de manière favorable. En deuxième lieu, ils doivent défendre la mise en place d’incitations fiscales pour les agrégateurs et les véhicules financiers pour que les flux financiers issus de ces activités puissent être regroupés efficacement et attirer ainsi les investisseurs institutionnels. Enfin, ils doivent promouvoir l’adoption de bonnes pratiques afin d’attirer des flux de financement climatiques internationaux. La mise en œuvre par la Chine d’une politique de crédit vert en 2007 et les principes bancaires durables adoptés au Nigeria en 2012 sont des exemples dont les organes de réglementation africains peuvent s’inspirer.

De telles mesures sont susceptibles d’engendrer un changement de paradigme au niveau de l’action climatique en Afrique.

Footnote

[1] “Africa Unplugged: Small-scale Solar Power Is Surging Ahead.” The Economist. The Economist Newspaper, 29 Oct. 2016.

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