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Commentary

Point de vue prospectif sur l’Afrique: L’automatisation mine-t-elle les perspectives d’industrialisation de l’Afrique?

A machine is seen idle at Dangote tomatoes processing factory along the Kano-Zaria road in Kano, northwest Nigeria August 21, 2017.Picture taken August 21, 2017. REUTERS/Akintunde Akinleye. - RC1A6112C770
Editor's note:

Note de l’éditeur: vous trouverez ci-dessous un point de vue extrait du chapitre 2 du rapport Foresight Africa 2018. Il développe six thèmes fondamentaux offrant à l’Afrique des opportunités de surmonter ses obstacles et de favoriser une croissance inclusive. Lire le chapitre complet sur la transformation structurelle ici. The English version of this piece can be found here.

L’adoption de technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre, associée à Industry 4.0, l’Internet des objets, la robotique avancée et l’impression 3D, dans les économies à hauts revenus réduit l’importance de la faiblesse des salaires au niveau de la détermination des coûts de production. La Chine autonomise elle aussi à un rythme rapide et elle est prévue devenir le plus grand utilisateur de robots industriels à l’horizon 2018. Cette tendance risque d’entraver les efforts d’industrialisation des pays d’Afrique moins développés et la migration en masse prévue des activités à forte intensité de main-d’œuvre en direction des économies plus pauvres dont les coûts de production sont plus faibles, comme celles d’Afrique, pourrait ne pas avoir lieu.

Toutefois, l’industrie manufacturière n’est pas monolithique en termes de portée de l’automatisation. L’adoption de robots, par exemple, varie considérablement d’un sous-secteur à l’autre (Figure 4.2). Certains secteurs manufacturiers sont relativement peu affectés et il restera donc possible pour les pays moins industrialisés de trouver des points d’entrée accessibles. Ces derniers incluent une vaste gamme de produits manufacturés basés sur les matières premières comme les métaux de base, les produits minéraux non métalliques, les produits à base de bois, les produits à base de papier et l’agro-alimentaire, tous des produits moins échangés et donc soumis à une concurrence internationale moins rude.

FIGURE 4.2. LE STOCK OPÉRATIONNEL MONDIAL DE ROBOTS INDUSTRIELS VARIE D’UN SOUS-SECTEUR MANUFACTURIER À L’AUTRE

L’adoption de robots dans le secteur manufacturier varie grandement d’un sous-secteur à l’autre, ce qui veut dire que certains secteurs sont relativement peu affectés par la mise en œuvre de technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre et demeurent de solides points d’entrée pour les pays d’Afrique moins industrialisés.
L’adoption de robots dans le secteur manufacturier varie grandement d’un sous-secteur à l’autre, ce qui veut dire que certains secteurs sont relativement peu affectés par la mise en œuvre de technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre et demeurent de solides points d’entrée pour les pays d’Afrique moins industrialisés.

Les pays africains bénéficieront également d’opportunités pour devenir compétitifs au niveau de la production de produits échangeables à forte intensité de main-d’œuvre – même s’ils s’échangent à grand volume d’échange à l’échelle internationale – notamment les textiles, l’habillement et les produits en cuir, ce sous-secteur étant le moins automatisé jusqu’à présent.

En outre, il y aura toujours un marché pour les produits de qualité inférieure assortis de plus bas prix produits et consommés sur le marché intérieur. Cette possibilité est issue de l’expérience de grands pays industrialisés comme la Chine et l’Inde où les secteurs manufacturiers dont les volumes d’échanges commerciaux sont élevés sont caractérisés par des marchés segmentés. L’ampleur des gains de productivité pourrait être plus importante pour ces produits de qualité inférieure assortis de plus bas prix échangés sur les marchés régionaux où les pays peuvent exploiter des opportunités au-delà de leur marché intérieur. Cette opportunité est extrêmement prometteuse en Afrique où la quasi-totalité des secteurs manufacturiers ont enregistré de fortes augmentations de leurs parts de marché intra-africain au cours de ces quinze dernières années (Figure 4.3).

FIGURE 4.3. LA PART DES ÉCHANGES COMMERCIAUX INTRA-AFRICAINS SUR LE TOTAL DES EXPORTATIONS DE L’AFRIQUE A AUGMENTÉ AU NIVEAU DE LA PLUPART DES SECTEURS MANUFACTURIERS

Entre 2000 et 2013, les échanges commerciaux intra-africains ont enregistré une forte augmentation des produits manufacturés dans la quasi-totalité des sous-secteurs. Des gains particulièrement importants ont été dégagés dans les secteurs suivants : nourriture, boissons et tabac ; caoutchouc et plastiques ; électronique et produits minéraux non métalliques. Il semble que l’Afrique peut potentiellement dégager des gains de productivités importants au niveau des produits échangés sur les marchés régionaux.
Entre 2000 et 2013, les échanges commerciaux intra-africains ont enregistré une forte augmentation des produits manufacturés dans la quasi-totalité des sous-secteurs. Des gains particulièrement importants ont été dégagés dans les secteurs suivants : nourriture, boissons et tabac ; caoutchouc et plastiques ; électronique et produits minéraux non métalliques. Il semble que l’Afrique peut potentiellement dégager des gains de productivités importants au niveau des produits échangés sur les marchés régionaux.

Au regard des tendances actuelles en matière d’automatisation, il y aura moins de points d’entrée dans les chaînes de valeur mondiales pour les pays d’Afrique et l’industrialisation pourrait devenir de plus en plus difficile. Même s’il était possible de « sauter » certaines étapes en adoptant directement de nouvelles technologies, le développement des compétences des travailleurs, des moyens des entreprises et de l’infrastructure risque d’être un processus de nature plus progressive. Toutefois, les pays qui utilisent les technologies Industry 2.0 peuvent encore être compétitifs si certaines autres conditions de l’écosystème sont remplies. Si les pays africains parviennent à intégrer leur main d’œuvre croissante en améliorant nettement leurs environnements commerciaux, leurs logistiques et autres services essentiels, leurs exigences réglementaires, etc., cette approche pourrait permettre de ralentir l’adoption des technologies Industry 4.0 dans les pays à revenus supérieurs.

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