In this online chat, Justin Vaisse discusses Obama’s foreign policy priorities, his approach to the world, and the impact he will have on Transatlantic, especially French-U.S., relations. Vaisse also discusses the role of experts at Brookings in advising Barack Obama.
Robin B : Lors de cette période transitoire entre les deux présidences, les médias relatent l’importance de la formation de l’équipe du président élu. Mais quelle place va avoir ce cabinet dans le régime présidentiel des Etats-Unis ? Quelle stratégie va-t-il adopter, une responsabilité plus collective du gouvernement ou une prédominance plus importante du chef de l’Etat ?
Justin Vaisse : La diplomatie américaine est centrée autour du noyau de la Maison Blanche. Plus qu’en politique intérieure, c’est le président qui garde la haute main sur toutes les décisions de politique étrangère, et c’est encore plus vrai des présidents qui s’impliquent le plus dans ce domaine (Bush père par exemple, par opposition à Clinton ou Bush fils en début de mandat). Cela posé, le système reste plutôt moins centralisé qu’en France par exemple, et de nombreux autres acteurs comptent au-delà de la Maison Blanche (le président et ses experts du Conseil de sécurité nationale) : le département d’Etat, le Pentagone, les agences de renseignement… et le Congrès également, même si on ne l’a pas beaucoup vu ces dernières années. Et n’oublions pas le rôle important des militaires, de quelqu’un comme le général Petraeus, car le pays est impliqué dans deux guerres…
Mais tout ce qu’on sait d’Obama, de son “style de leadership”, laisse penser qu’il va construire un système consensuel et assez fluide, moins marqué par des “chocs de titans” comme sous Bush ; c’est “No drama Obama”. il écoute bien, et exige une confrontation des idées. Mais il garde toujours la décision finale, en dernier ressort.
Johanna : La crise financière, deux guerres, la sécurité sociale… et tous les problèmes et décisions à prendre qui en découlent. On peut dire que Barack Obama arrive à un moment important de l’histoire des Etats-Unis, lui qui incarne ce changement nécessaire aux Américains et au monde entier. Mais pourra-t-il tout changer ? Selon vous, quels sont les changements que nous sommes en droit d’espérer pour ce mandat ?
Justin Vaisse : Evidemment non, il ne pourra pas tout changer, et il n’y a pas de révolution à attendre. Mais en utilisant son image très positive dans le monde, et donc l’incitation que les gouvernements (au moins les gouvernements démocratiques) ont à suivre les préférences de leur opinion publique, et aussi l’effet de nouveauté, le fait de ne pas être Bush (c’est déjà beaucoup), il peut espérer bénéficier d’une certaine marge de manœuvre au cours de sa première année.
Comment va-t-il l’utiliser, et que peut-on espérer ? Je pense que plusieurs décisions importantes, et en un sens faciles à prendre (même si elles posent des problèmes concrets épineux), vont faire chaud au cœur des Européens : la fermeture de Guantanamo, l’interdiction généralisée de toute forme de torture par toutes les forces américaines (y compris la CIA), le début de retrait d’Irak… Et j’ajouterais – car souvenons-nous que c’était le motif originel de détestation de Bush dès le début 2001–, une initiative sur le réchauffement climatique.
Ce qu’il ne faut pas attendre de façon trop impatiente, en revanche, ce sont des résultats dans des dossiers qui ne dépendent pas du leadership américain : l’Iran par exemple, où les offres de négociation risquent de se heurter aux manœuvres dilatoires du système politique de Téhéran.
Ou le conflit israélo-palestinien, dans lequel Obama va s’investir tôt, pour éviter les erreurs de Clinton et Bush, mais qui dépend essentiellement de l’état des forces politiques de chaque côté.
Commentary
Les relations franco-américaines devraient continuer à s’améliorer
November 6, 2008