Vous trouverez ci-dessous un point de vue extrait du chapitre 2 du rapport Foresight Africa 2018. Il développe six thèmes fondamentaux offrant à l’Afrique des opportunités de surmonter ses obstacles et de favoriser une croissance inclusive. Lire le chapitre complet sur le financement durable du développement de l’Afrique ici. The English version of this piece can be found here.
En 2014, le FMI a organisé sa conférence « Africa Rising » au Mozambique. Trois ans plus tard, le Mozambique se retrouvait en situation de défaut de paiement sur sa dette. Le livre optimiste de Steven Radelet sur l’Afrique émergente publié en 2010 s’ouvre sur un brillant résumé des réussites du Ghana. En 2015, le Ghana se retrouvait à nouveau dans un programme du FMI en raison de la détérioration de ses fondamentaux économiques.
Cependant, un grand nombre de pays pauvres d’Afrique sub-saharienne ont montré qu’ils sont capables de réformer et d’améliorer leur gouvernance. L’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés et l’Initiative d’allègement de la dette multilatérale, soutenues par les principaux donateurs mondiaux au début des années 2000, ont sorti 75 milliards USD de dette des bilans des pays bénéficiaires—voir la mise à jour de mars 2016 de la Banque mondiale et du FMI—et motivé de vastes réformes macroéconomiques et structurelles qui ont permis d’atténuer la pauvreté. Ces facteurs, associés à la croissance rapide de la Chine et à l’envol des prix des matières premières, ont permis à la région de bénéficier d’une forte croissance durant toute la décennie.
L’élan est cependant en train de s’essouffler. À l’occasion d’un nouveau cycle de réformes drastiques, les leaders africains devront faire le gros du travail. L’Afrique reste pauvre et elle ne peut toujours pas financer les investissements indispensables à la création d’un nouveau cycle de croissance et de réduction de la pauvreté. Voici ce que les donateurs peuvent faire :
- Encourager une forte mobilisation en faveur de l’infrastructure régionale afin de réunir de nombreuses petites économies et créer des économies d’échelle pour les producteurs locaux. Pour cela, il faut attirer des investissements directs à l’étranger (IDE), car même les pays les mieux gérés d’Afrique sub-saharienne (par exemple le Rwanda, la Côte d’Ivoire ou le Sénégal) ne peuvent pas compter sur le financement de marché car les échéances sont trop courtes et les taux d’intérêt trop élevés.
- Pour trouver de l’argent, il faut titriser une petite partie des flux d’aide annuels s’élevant à plus de 40 milliards USD que l’Afrique sub-saharienne reçoit à l’heure actuelle, comme le signale un récent article de Project Syndicate,en vue de financer la partie publique des investissements publics-privés « mixtes » des grands projets d’électricité et de transports transfrontaliers (l’autoroute reliant Lagos à Dakar en est un bon exemple), et les pays bénéficiaires doivent prendre en charge l’administration de ces prêts, cette méthode sera meilleure que les alternatives disponibles sur le marché au niveau des coûts et des échéances.
- Il faut associer cet investissement de départ (lequel retiendra l’attention du secteur privé dans le monde entier) à des réformes plus astreignantes, comme l’explique lerécent article de Luisa Teixeira Felino et Brian Pinto, pour jeter les bases de l’autonomie africaine.
L’Afrique a besoin d’un nouveau cycle de réussites. Ces dernières exigent une forte mobilisation non seulement au niveau de l’infrastructure, mais aussi au niveau des politiques durables et des réformes institutionnelles. Les leaders africains doivent prendre les commandes. Les donateurs peuvent aider.
Commentary
Point de vue prospectif sur l’Afrique: L’Afrique sub-saharienne peut multiplier ses modèles de réussite et les donateurs peuvent aider
June 26, 2018