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Homeland Security: Une Révolution Inaboutie

Nicolas de Boisgrollier
NdB
Nicolas de Boisgrollier Visiting Fellow, Center on the United States and Europe, The Brookings Institution

August 1, 2004

Largement passifs devant les attaques terroristes visant leurs ressortissants au cours des décennies précédentes, les Etats-Unis ont réagi avec vigueur et une grande visibilité aux attaques surprises du 11 Septembre, révélatrices d’une vulnérabilité aussi profonde qu’étrangère à l’histoire et à la psychologie du pays. Sur le plan intérieur, l’exécutif a lancé une réforme administrative et gouvernementale d’une très grande ampleur avec la création d’un gigantesque département ministériel de la Sécurité territoriale (Department of Homeland Security, ou DHS). Révolutionnaire en apparence, cette refonte significative des structures de l’exécutif n’engendre cependant pas tous les changements escomptés ni, surtout, ne met ce nouveau grand ministère à visée fédératrice en position d’empiéter sur les domaines que se réservent les ministères régaliens traditionnels.

Il est difficile pour une nation de maintenir sa garde, sur une longue période, devant des menaces aussi diffuses et multiformes que celles du terrorisme moderne. Un rapport du Council on Foreign Relations pose ainsi les termes de la problématique à laquelle les Etats-Unis font face aujourd’hui:

Si nous savions qu’une attaque terroriste allait avoir lieu dans les cinq prochaines années sans en connaître ni la nature ni les auteurs, et sans savoir où elle se matérialiserait géographiquement, quelles actions prendrions-nous et comment allouerions-nous les ressources humaines et financières affectées à cette politique?

Il existe effectivement à ce stade beaucoup plus de questions que de réponses. Les Etats-Unis estiment être en guerre contre le terrorisme, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Or s’il s’agit effectivement d’une guerre, elle est bien partie pour durer. La politique de sécurité territoriale doit être envisagée sur le long terme, par-delà les échéances électorales de la démocratie américaine. Car si de nombreux débats ont lieu autour de la politique de homeland security – les moyens à mettre en oeuvre, le rôle de l’armée, la préparation des populations, les modalités d’alerte, etc. – personne dans le pays ne remet en cause le principe, extrêmement novateur, d’une politique de sécurité territoriale. Celle-ci fait donc désormais partie du paysage politique américain, et devient par là même sujet d’analyse.

L’objectif de cette note est triple : (1) présenter les principales mesures prises depuis le 11 Septembre en matière de sécurité territoriale ; (2) mettre en lumière ses principales incohérences et ambiguïtés ; et (3) esquisser une évaluation de son efficacité sur le terrain.

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