Date de publication : juillet 2006
L’Afrique de l’Ouest est une des sous régions de l’Afrique la plus lourdement touchée par le déplacement. Tandis que plusieurs millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) sont rentrées chez elles ou se sont réinstallées ailleurs avec la fin de la guerre civile au Liberia et en Sierra Leone, un grand nombre de déplacés restent en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Nigeria, au Sénégal et au Togo. Sur les 12 millions de PDI en Afrique et déracinées par les conflits et les violations des droits de l’homme, au moins un million de déplacés se trouve dans les quinze pays formant la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Afin d’essayer de mieux gérer le problème, la Première conférence régionale sur le déplacement des personnes á l’intèrieur de leur propre pays s’est déroulée à Abuja, au Nigeria du 26 au 28 avril 2006. Organisée par le gouvernement nigérian, la conférence était coparrainée par le Projet Brookings Institution – Université de Berne sur le déplacement des personnes à l’intérieur de leur propre pays, le Représentant du Secrétaire général des Nations Unies sur les droits de l’homme des Personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, la CEDEAO et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR).
La conférence a examiné les tendances actuelles dans la région de la CEDEAO et a développé un ensemble de recommandations susceptibles d’être suivies par les autorités nationales, les entités régionales et les organisations internationales afin de mieux prévenir et de mieux gérer le déplacement. Plus de 70 personnes ont participé à l’événement, dont des représentants des Etats membres de la CEDEAO, des institutions nationales dédiées aux droits de l’homme, du Secrétariat de la CEDEAO, des organisations non gouvernementales locales et internationales, des agences de l’ONU et des gouvernements bailleurs de fonds, ainsi que divers experts.
Olu Arowobusoye, Directeur du Département des Affaires humanitaires de la CEDEAO, a demandé à chaque Etat membre de la CEDEAO de « créer des mécanismes de réponse, des centres de liaison et les institutions nationales pour les personnes déplacées dans leur propre pays là où ils n’existent pas. » Parmi les recommandations adressées par la conférence aux gouvernements figuraient les conseils suivants :
- Amélioration du recueil de données sur les populations déplacées à l’intérieur de leur propre pays et leurs besoins
- Elaboration de lois et de politiques nationales sur le déplacement interne
- Promotion et dissémination des Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays
- Développement de programmes pour gérer les besoins des communautés hôtes ; tandis qu’il était commun en Afrique de l’Ouest que les personnes déplacées soient logées et aidées par leur famille et les communautés hôtes, ce fardeau s’est avéré trop lourd sur de longues périodes
- Mesures destinées à s’attaquer aux causes profondes du déplacement.
Quant à la CEDEAO, les participants à la conférence ont demandé la nomination d’une personne de liaison sur les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, la formation des forces de réserve de la CEDEAO aux Principes directeurs, des efforts de plaidoyer intensifiés et la promotion d’un dialogue interrégional plus soutenu sur le déplacement interne. Walter Kälin, Représentant du Secrétaire général des Nations Unies sur les droits de l’homme des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, a souligné la valeur de l’approche régionale en notant que « La coopération régionale permet aux Etats d’améliorer leur capacité à gérer des mécanismes d’alerte rapide, ainsi que des systèmes de prévention et d’atténuation des catastrophes. » Elle peut aussi « canaliser les leçons tirées des pays face au déplacement interne pour permettre la création d’une politique saine au niveau national et régional.»
Les participants à la conférence ont demandé à la communauté internationale :
- D’intégrer les questions de protection des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays à la conception des opérations de paix
- De renforcer la capacité des Casques bleus de répondre au problème du déplacement interne
- De veiller à ce que les interventions internationales au nom des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays encouragent l’autonomie et la durabilité des communautés
- D’attirer plus l’attention de l’opinion publique sur le sort des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays grâce à des partenariats avec les médias
Pour obtenir des copies du rapport, veuillez contacter le Brookings-Bern Projet : [email protected]