Date de publication: Février 2006
Plus de la moitié des quelques 25 millions de personnes dans le monde entier qui sont déracinées dans leur propre pays par des violences et persécutions sont en Afrique. Environ 2,9 millions de ces personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (PDI) vivent dans les pays de la Communauté de développement de l’Afrique australe (Southern African Development Community – SADC). On les trouve surtout en République démocratique du Congo et au Zimbabwe, où les PDI ont un besoin critique de protection et d’assistance humanitaire. En outre, une population non négligeable de PDI se trouve toujours en Angola bien des années après la fin du conflit. De plus, des déplacements continuent de se produire dans un certain nombre d’autres pays de la SADC en conséquence de catastrophes naturelles et d’autres événements.
« Les PDI d’Afrique sont parmi les plus vulnérables du monde », affirme Walter Kälin, Représentant du Secrétaire général des Nations unies pour les Droits humains des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. « Au cours des dix dernières années, certaines des populations africaines déplacées à l’intérieur de leur propre pays ont été caractérisées par les taux de mortalité et de malnutrition les plus élevés enregistrés dans des situations d’urgence humanitaire. Dans de nombreux cas, elles ont été déplacées à de multiples reprises et séparées de leurs foyers année après année sans solution durable en vue. Beaucoup sont exposées à des risques élevés récurrents d’attaques à main armée, de malnutrition, de violence ou d’exploitation sexuelle, de recrutement forcé dans une armée et de maladies telles que le VIH/sida. »
Le premier séminaire sur le déplacement interne dans les pays de la SADC, qui s’est tenu à Gaborone, Botswana, les 24-26 août 2005, pour examiner le phénomène des déplacements internes dans la région et discuter de diverses façons d’améliorer les réponses nationales, régionales et internationales, a constitué une étape importante dans les efforts visant à résoudre cette crise humanitaire. Cette réunion a été accueillie par le Gouvernement du Botswana et commanditée par le Projet Brookings Institution – Université de Berne sur le déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays, le Représentant du Secrétaire général des Nations unies sur les droits humains des Personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays et le Haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR).
Ce séminaire a eu plus de 100 participants, dont des représentants des gouvernements de l’Angola, du Botswana, de la République démocratique du Congo, du Lesotho, du Malawi, de Maurice, du Mozambique, de la Namibie, de l’Afrique du Sud, du Swaziland, de la Tanzanie, de la Zambie et du Zimbabwe, ainsi que des représentants d’organismes de défense des droits de l’homme, du secrétariat de la SADC, d’ONG locales et internationales, d’organisations des Nations unies, de gouvernements bailleurs de fonds et d’experts d’établissements de recherche. Son Excellence Sir Ketumile Masire, ancien Président du Botswana, et Son Excellence Joaquim Alberto Chissano, ancien Président du Mozambique, étaient des invités d’honneur.
« Il incombe indubitablement aux gouvernements nationaux d’aider et de protéger les PDI », a souligné Phandu Skelemani, Ministre des Affaires présidentielles et de l’Administration publique du Gouvernement du Botswana, qui a également indiqué que des approches régionales sont essentielles également parce que les effets du déplacement interne se font souvent sentir au-delà des frontières.
Voici quelques-unes des recommandations faites par le séminaire aux gouvernements de la SADC :
- Formulation de politiques et de lois nationales sur le déplacement interne
- Promotion et dissémination des Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays
- Amélioration de la collecte des données sur les populations déplacées à l’intérieur de leur propre pays et sur leurs besoins
- Grantie d’un accès sans restrictions aux PDI
- Inclusion des PDI dans les programmes VIH/sida
- Augmentation de la formation de agents de l’État en ce qui concerne les questions de déplacement et les droits des PDI
- Participation plus importante des organismes nationaux de défense des droits de l’homme, de la société civile et des PDI aux programmes tentant de résoudre les problèmes associés aux déplacements internes
- Efforts plus soutenus pour s’attaquer aux causes profondes des déplacements.
Le séminaire a également demandé à la SADC et à d’autres organisations régionales africaines de nommer des foyers de déplacement interne, de promouvoir l’utilisation et une dissémination étendue des Principes directeurs relatifs au déplacement de personnes à l’intérieur de leur propre pays, de développer des approches régionales pour le problème, d’échanger les meilleures pratiques et de soutenir la capacité des institutions africaines à faire des recherches et à participer à des forums de prise de décisions sur les questions de déplacement.
Le séminaire a recommandé avec insistance à la communauté internationale de formuler une réponse internationale plus productive et plus prévisible aux déplacements internes, notamment : des arrangements institutionnels clairement définis pour la protection et l’assistance des PDI ; un rôle renforcé pour les gardiens de la paix dans les situations de déplacements ; un accroissement de la promotion des droits des PDI et du dialogue avec les gouvernements et les autres parties intéressées ; et des ressources adéquates pour répondre aux besoins urgents et aux besoins de réintégration des PDI.
Toutes les recommandations ainsi que le compte rendu récapitulatif de la réunion et les autres documents pertinents sont publiés dans ce rapport, qui est traduit en français et en portugais en vue d’une dissémination étendue dans la région de la SADC.
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