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Research

Est-ce la Fin du Partenariat Transatlantique

Nicolas de Boisgrollier
NdB
Nicolas de Boisgrollier Visiting Fellow, Center on the United States and Europe, The Brookings Institution

September 1, 2005

«La crise […] a laissé derrière elle un tel mélange de confusion, de défiance et de rancoeur que les nombreuses disputes du passé apparaissent comme des divergences familiales mineures ».

Ce jugement pessimiste, que l’on aurait pu choisir d’appliquer à la crise irakienne, a été formulé en 1981 par un observateur allemand à propos des conséquences pour le lien atlantique de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique en 1979, tant les réactions des Européens et des Américains lui paraissaient divergentes1. L’auteur identifie à cette occasion une accélération du processus d’éloignement des deux continents. Pourtant cette « crise afghane » n’apparaît même plus sur la liste que l’on dresse aujourd’hui des grands moments de tensions transatlantiques, tellement le lien transatlantique est souvent sollicité, et malmené. Les désaccords profonds qui se sont manifestés au sein de la famille atlantique sur la question irakienne seraient-ils cette fois-ci le symptôme de la dissolution progressive du partenariat transatlantique ?

L’identification en temps réel des ruptures historiques est un exercice périlleux. Que les tensions transatlantiques au sujet de l’Irak aient constitué une crise de grande ampleur, cela fait peu de doute. Mais il importe de replacer le choc lui-même dans l’environnement au sein duquel il s’est développé, car c’est probablement là que des lignes de force se dégagent. Un panorama des principales facettes de la relation transatlantique permet d’en illustrer l’intensité et les contradictions mais aussi de mettre en perspective le potentiel sousexploité des complémentarités politiques et stratégiques.